Depuis septembre, nous avons planté le décor de la transformation numérique et initié les travaux des 3 comités. Leur thème : la technologie blockchain, ses usages et le consensus décentralisé.
Nous vivons une période fascinante. Quand je découvre la blockchain en mars dernier (grâce au comité scientifique du CHECy), le sujet est réservé à une poignée de geeks dans le monde. Huit mois plus tard, c’est un phénomène planétaire dont la croissance est plus qu’exponentielle, elle est explosive ! The Economist vient de lui consacrer sa Une sous le titre The Trust Machine.
En quelques mois, la technologie blockchain est passée du statut de sujet confidentiel (voire sulfureux à cause de son usage dans le bitcoin), à celui de nouvel horizon pour l’Internet au même titre que TCP/IP ou HTTP. Demain, la blockchain pourrait structurer la certification de tous nos échanges sur la Toile, garante de la confiance de nos relations avec nos objets connectés ou les fournisseurs, publics ou privés, de services numériques.
La plupart des grandes institutions financières (notamment anglo-saxonnes) se hâtent de défricher le terrain, les cas d’usages croissent de manière exponentielle. Deux qualités essentielles confèrent à la blockchain ce caractère exponentiel. D’une part, elle est extrêmement générique et neutre. D’autre part, elle est parfaitement scalable, c’est à dire extensible et évolutive.
L’adoption massive de cette technologie, un scénario de plus en plus probable, n’est pas sans difficultés. Par exemple, le coût global de la puissance de calcul nécessaire pour générer les «preuves de travail» qui confèrent la certification croît, lui aussi, de manière exponentielle…
La France et l’Europe doivent réagir avec rapidité et vigueur pour ne pas laisser s’échapper vers d’autres continents la maîtrise des outils numériques basés sur la blockchain, qui pourrait structurer le monde de demain. Serons-nous encore un peu plus marginalisés, dans un monde numérique qui avance trop vite par rapport à notre capacité à décider et agir ? Il faut se battre pour que nous soyons en mesure de préserver, au moins sur ce sujet-là, notre souveraineté numérique.
La réflexion portée par les auditeurs du CHECy arrive à point nommé pour suggérer quelques pistes aux décideurs de notre temps. Chaque comité élabore un rapport sur une thématiques des usages blockchain, constitué d’une partie descriptive et d’une partie prospective, assorties de recommandations au profit des acteurs politiques et économiques.
Comprendre le monde numérique pour décider et agir en conséquence, telle est effectivement notre ambition pour le CHECy.
Henri d’Agrain, directeur du CHECy